C’est le plus grand complexe européen dédié aux loisirs aquatiques, à la détente et au bien-être construit à la montagne, et il vient d’ouvrir ses portes à Courchevel 1650 après plusieurs années de gestation. Son nom : Aquamotion. Un investissement de 63,5 millions d’euros financé à 100% par la municipalité, 15 000 m² de surface dont 10 000 m² intérieurs : la perle des 3 Vallées a mis le paquet pour créer ce centre au look de vaisseau spatial et rattraper ainsi son retard sur les autres stations alpines (Chatel, Les Arcs 1800, Serre-Chevalier, Val d’Isère, Montgenèvre…). Au programme, quatre espaces – Aquasportif, Aqualudique, Wellness, Spa & Balnéo – auxquels s’ajoutent un snack, un restaurant et deux boutiques. Un projet ambitieux pour cette commune de 2000 habitants, qui totalise 40 000 lits touristiques et qui vit essentiellement des sports d’hiver. «Nous avons fait un benchmark en Europe pour monter le projet et proposer ce qui se fait de mieux», indique Benoît Boitte, directeur des services techniques de la Ville.

Objectif poursuivi ? Développer l’offre après-ski et offrir une alternative aux non-skieurs, de plus en plus nombreux dans les stations. Avec l’inauguration d’Aquamotion, la commune espère aussi toucher une cible familiale plus large et capter une clientèle régionale vivant jusqu’à deux heures en voiture. En plus des happy fews qui fréquentent les trois palaces et les 16 hôtels 5***** de la station… Au-delà, l’idée est d’élargir les ailes de saison et de faire vivre Courchevel à l’année, et notamment l’été : selon Adeline Roux, directrice de Courchevel Tourisme, la station génère 87% de son activité en hiver. «Nous avons volontairement implanté le complexe à Courchevel 1650, pour ne pas être excluant et pour qu’il fédère l’ensemble de nos stations», explique Benoît Boitte. Pour faciliter les déplacements, le projet prévoit la mise en place de navettes et la construction d’une cabine reliée à Courchevel 1850. «Aquamotion s’inscrit dans le cadre d’un projet d’urbanisme et d’aménagement du site des Grandes Combes», poursuit-il.

Quatre années ont été nécessaires pour bâtir ce vaste complexe édifié en surplomb de la vallée. La Commune a assuré la maitrise d’ouvrage et délégué sa conception au cabinet d’architecture allemand Auer Weber. Parmi les impératifs, une consommation énergétique responsable et un traitement de l’eau optimisé. Couverture végétalisée de plus de 9 800 m², immenses verrières, lumière naturelle, ballet aérien de lignes courbes, utilisation de bois et de matériaux nobles : le centre a belle allure et trouve sa place dans un environnement privilégié, au cœur du plus grand domaine skiable relié au monde.

Son exploitation a été confiée au groupe normand Récréa (CA 2015 : 50 millions d’euros), associé au groupe immobilier HPC dans le cadre d’une joint-venture à 50/50. Ce spécialiste des équipements de centres sportifs, aquatiques et de bien-être a déjà 55 établissements en portefeuille, dont cinq à la montagne – à Chatel, La Plagne, Isola 2000 et désormais Courchevel. «Nous agissons dans le cadre d’une délégation de service public de huit ans, précise François Mouilleron, directeur marketing et développement de Récréa. Notre mission est de faire revenir une clientèle familiale à Courchevel, tout en satisfaisant la clientèle très exigeante qui fréquente la station. Nous devons donc être accessibles en termes de prix, et être capables de proposer des équipements et des services de grande qualité».

Pour y parvenir, le groupe présidé par Gilles Sergent a confié la direction générale d’Aquamotion à Jacques Courtillé. Un spécialiste de la remise en forme et du bien-être : avant de rejoindre le projet, Jacques Courtillé a dirigé pendant plusieurs années le centre de thalasso Helianthal à Saint-Jean-de-Luz, une référence dans le secteur. A la tête d’Aquamotion depuis octobre, il supervise une équipe de 45 salariés, auxquels s’ajoutent 45 personnes dans les deux espaces de restauration. Et quels espaces ! Après Miami, Saint-Tropez, Monaco ou encore Ibiza, le groupe américain Nikki Beach s’offre à Courchevel sa première implantation en montagne avec un Nikki Café et un Cabana Grill dont il a l’exploitation. De quoi recruter une clientèle branchée et festive. C’est Nikki Beach et le groupe HPC, réunis par une joint-venture, qui devraient aussi se charger de la construction et de l’exploitation de l’hôtel prévu à proximité immédiate d’Aquamotion. A priori, il devrait s’agir d’un établissement accessible à une clientèle plus large que les 4 et 5 étoiles de la station. Son inauguration est programmée en décembre 2017, avec accès direct au centre Aquamotion par un tunnel privatif.

Voilà pour le montage du projet. Pour le reste… Construit à flanc de montagne, le centre Aquamotion déploie ses 10 000 m² intérieurs sur trois niveaux et offre une capacité d’accueil de 1 200 personnes/heure. Il se compose d’un vaste espace Aquasportif où a été aménagée la première vague de surf indoor jamais installée en montagne (Madea Concept), ainsi qu’un bassin de 25 mètres (avec cours de natation, Aquabiking, Aquafusion…), une belle salle d’escalade pour les petits et les grands, ouverte aux clubs et associations…. Le centre abrite aussi un espace Aqualudique équipé d’un canyon de 110 mètres, d’un Pentagliss de 45 mètres (3 pistes), d’un bassin de plongeon, d’une Baby Pool (visuel ci-dessus), d’un lagon intérieur et extérieur… Protégé du bruit par une paroi vitrée, un espace Wellness réservé aux plus de 18 ans accueille les clients autour d’un bassin de détente intérieur et extérieur (avec lits à bulles, cols de cygne…visuel ci-dessous), de trois saunas, d’un caldarium, d’un hammam (partenaire : Wellness Partner), d’une grotte salée équipée d’un écran géant, d’un silencium, d’un jacuzzi extérieur…

On y trouve également l’espace Spa & Balnéo voisin et ses 19 vastes cabines de soin. Aménagé sur 560 m² et deux niveaux, il est accessible du centre mais dispose aussi d’une entrée et de vestiaires dédiés afin de préserver la quiétude de la clientèle spa. Les cabines réservées aux soins secs, minoritaires, cohabitent avec les salles réservées aux soins humides (2 tables à affusion, 2 bains multi-jets, 3 cabines grands jets, 2 Phlébotones, 2 Hydrojets Dôme…; partenaires : Stas Doyer, WellSystem Hydrojet). Délicat en termes d’isolation phonique et de traitement des vapeurs d’eau. Un appareil de cryothérapie sera installé dans un second temps. «L’idée de départ, c’était de faire de la balnéo sportive en direction des skieurs. Entretemps, nous avons accentué la dimension spa et nous réfléchissons encore à la meilleure façon de valoriser cet espace», explique Jacques Courtillé. Les prestations se composent de soins esthétiques avec la marque Algotherm, de massages à la carte, de rituels et de parenthèses bien-être d’une demi-journée à plusieurs jours associant soins spa et balnéo.

Bref, la Commune n’a pas lésiné sur les moyens pour faire de ce complexe un accélérateur touristique. Aquamotion a ouvert ses portes au public le 15 décembre 2015. Et pour son inauguration, la promesse d’accessibilité est tenue. Deux exemples : l’entrée à l’espace aqualudique s’élève à 22 € par adulte et à 12 € par enfant (Pass de 3 heures). Quant au forfait six jours illimité (espace aqualudique + wellness + aquafitness), il s’établit à 160 €. Des combinés Aquamotion et remontées mécaniques sont également proposés via des Pass 1 jour et 6 jours. Reste à convaincre la clientèle régionale, française (40% de la fréquentation) et étrangère (britannique, 30 à 35%, russe, belge…) pour remplir le complexe et atteindre rapidement l’équilibre. Selon Jacques Courtillé, le point mort s’établit à trois millions d’euros de chiffre d’affaires. L’aventure ne fait que commencer… !

Anne Autret

Photos : Auer Weber-© Aldo Amoretti