C’est un nouvel élan qui attend la station thermale de Vittel, dans les Vosges, et une nouvelle étape dans la stratégie de développement de France Thermes. Un partenariat a été signé tout récemment entre le groupe présidé par Sylvain Serafini et la commune de Vittel, afin de lui confier l’exploitation des thermes à partir de janvier 2023, via un contrat de délégation de service public (DSP) de 20 ans. Jusqu’ici, l’établissement était géré à travers une SEM contrôlée majoritairement par la Commune. Aux termes de l’accord, l’exploitation du Grand Hôtel et de l’emblématique Palmarium (qui a abrité la première usine embouteillage de Vittel) lui revient également.

Ce partenariat s’inscrit dans le cadre du projet Vittel 2030, qui prévoit le repositionnement de l’offre thermale, bien-être et touristique de la ville. La station thermale avait besoin de se redynamiser ? Le Club Med menaçait de quitter les lieux après 50 ans de présence au sein de la ville et du parc thermal ? Les thermes avaient besoin d’un second souffle et d’hébergements intégrés pour se redéployer et recruter une nouvelle clientèle ? Pour toutes ces raisons et d’autres encore, ce projet structurant et porteur d’emplois a été entériné par la Commune et les collectivités territoriales avec, à la clé, un vaste plan d’acquisition et d’investissements. L’objectif : reprendre l’intégralité des actifs de la Nouvelle Société Vittel SAS (groupe Roulaco, un fonds d’investissement saoudien), qui possédait les établissements exploités par le Club Med, afin de repenser, rénover et relancer le pôle thermal. Montant de l’opération : plus de 60 millions d’euros.

Afin de la financer, un pôle public et un pôle privé ont été constitués. Les collectivités locales et territoriales (Ville de Vittel, Département des Vosges et Région Grand Est) ont investi à hauteur de 5,4 millions d’euros pour se porter acquéreur du Vittel Palace, de l’ancien casino et du petit théâtre Garnier. Quant à la société Vittel Invest, regroupant la Banque des Territoires, le Crédit Agricole Alsace-Vosges et la société de conseil en acquisition Atream, elle a repris pour environ 55 millions d’euros le Palmarium, le Grand Hôtel et l’hôtel Ermitage – qui restera exploité par le Club Med, plan de rénovation à l’appui. A noter qu’étant donné l’ampleur du projet, la Région apporte un soutien complémentaire de 9,6 millions d’euros pour les biens acquis par Vittel Invest.

Voilà pour le contexte global. Et voilà comment France Thermes s’est retrouvé en lice pour reprendre l’exploitation des thermes de Vittel, mais aussi du Grand Hôtel et du Palmarium, qui sera transformé en spa premium. « Il s’agit d’un montage exceptionnel. Mettre autant d’acteurs publics et privés autour de la table, et réussir à synchroniser tout cela de façon aussi fluide, c’est une belle réussite », confie Sylvain Serafini.

Grâce à ce nouveau partenariat, qui renforce encore son poids dans le secteur thermal français, l’objectif affiché de France Thermes est de créer le « premier Eco resort thermal et touristique », tout en capitalisant sur la renommée et l’expertise de la station en rhumatologie et dans les affections urinaires et digestives. « Dans la prise en charge des problématiques liées à la minceur, nous souhaitons désormais nous concentrer sur la résilience à l’amincissement », précise le dirigeant. Priorité aux matériaux et aux mobiliers recyclés, bio sourcés et locaux, optimisation des besoins énergétiques des bâtiments, gestion raisonnée des ressources naturelles et des déchets, formation des équipes et sensibilisation des clients aux gestes éco-responsables… La feuille de route est déjà esquissée et le calendrier des travaux clairement établi pour redorer et redynamiser l’établissement.

Le futur resort s’articule autour des bâtiments existants, qui vont tous être embellis ou rénovés au cours des prochains mois. Côté thermes, tout d’abord : près de 60% des espaces utilisés pour l’activité thermale vont faire l’objet d’un lifting. Une mise à niveau est également prévue dans les 40% restants. Le but ? Augmenter le confort et la sécurité des curistes, améliorer la performance énergétique et environnementale, et diversifier les activités en lien avec la médecine thermale. Ainsi, les thermes abriteront bientôt une cuisine pédagogique, dédiée à la nutrition santé. Quant au spa actuel, il va tout simplement être supprimé, pour pouvoir créer un espace dédié aux cures thermales premium et capter une nouvelle clientèle en attente de services et de personnalisation. Une stratégie de montée en gamme déjà bien rodée dans les autres établissements exploités par France Thermes. Les travaux sont prévus de fin 2023 à 2025.

Côté spa : c’est au Palmarium que le futur Grand Spa des Vosges verra le jour au terme d’un chantier programmé en 2024 et 2025. Jusqu’ici, ce bâtiment était exploité par le Club Med. Il abritait une salle de sport et une piscine intérieure classée, plus un bassin olympique extérieur – qui va être réhabilité. Parcours aquatiques alimentés en eau thermale, soins du corps et du visage (avec une gamme cosmétique bio et locale si possible), activités physiques et sportives, ateliers individuels ou collectifs propices au lâcher prise et à la reconquête de l’estime de soi… Une fois les travaux de rénovation terminés, rien ne manquera à ce spa thermal haut de gamme, qui sera ouvert aux clients Club Med de l’Ermitage. Près de 4000 m² dédiés au bien-être : une pépite au coeur du futur resort.

©Jean-Jacques Dalia / Ville de Vittel

Enfin, la réfection du Grand Hôtel permettra de proposer des hébergements intégrés à proximité immédiate des thermes et du spa. « C’était un élément qui manquait et l’une des raisons pour lesquelles l’établissement plafonnait à 5000 curistes par an », avance Sylvain Serafini. L’objectif : aménager dans le même bâtiment quelque 250 clés composées de 170 chambres d’hôtel 4 étoiles et de 80 appartements et studios en résidence de tourisme 4 étoiles. Une restauration basée sur la nutrition santé sera proposée au Grand Hôtel et dans les autres espaces. Pour réaliser ce vaste chantier, des travaux sont prévus de fin 2023 à 2025. Coût total de l’opération ? Afin de transformer le Grand Hôtel et le Palmarium, plus de 32 millions d’euros de travaux de rénovation seront portés par Vittel Invest. Quant au groupe France Thermes, il s’est engagé à investir 7,3 millions d’euros sur les thermes (sur la durée du contrat de DSP).

Grâce à ce repositionnement, l’ambition de France Thermes est d’accroître de façon significative le nombre de curistes conventionnés à Vittel, pour passer de 5000 à 7000 curistes par an à l’horizon 2029. En parallèle, le groupe table également sur le développement des courts séjours, centrés sur la prévention santé et le bien-être. Quant à la création du nouveau spa, elle devrait générer 63 000 entrées par an en 2029, anticipe-t-il, contre 17 000 aujourd’hui dans le spa intégré aux thermes.

Pour y parvenir, sa direction peut aussi compter sur les atouts touristiques de Vittel : la ville totalise 30 sites inscrits sur la liste complémentaire des Monuments Historiques, dont les édifices du Parc thermal signés par l’architecte Charles Garnier. On y trouve également un hippodrome, quatre golfs, un centre équestre et de nombreuses activités sportives dans un environnement boisé et de pleine nature. Sans oublier la proximité de bassins de consommation touristique et de bien-être dans un rayon de 400 km : Nord-est de la France, région parisienne, Belgique, Luxembourg, Sud-ouest de l’Allemagne…

De quoi donner un coup d’accélérateur au tourisme de santé sur le territoire, l’un des moteurs du groupe France Thermes depuis sa création en 2009. Et offrir une alternative au Grand Nancy Thermal, dont l’ouverture est prévue au printemps prochain, à 70 km de là. « Vittel et Nancy bénéficient d’un environnement très différents et la philosophie des deux sites n’est pas du tout la même. L’une est une destination nature, l’autre est située au coeur de la ville, nous n’intéresserons pas les mêmes clientèles. Il s’agit plutôt d’un élément de stimulation, dans une région Grand Est qui bouge très fort côté thermal », estime Sylvain Serafini.

Aujourd’hui, France Thermes exploite les resorts de Bagnoles-de-L’orne (B’O Resort), de Châtel-Guyon (Aïga Resort), les Thermes de Néris-les-Bains, le resort de Salies de Béarn et L’ex-Compagnie de Vichy, désormais rebaptisée VY Resort Thermal. Après l’intégration de Vittel en 2023, les différents établissements du groupe totaliseront une capacité d’accueil de 42 000 curistes conventionnés pour un chiffre d’affaires consolidé de 70 millions d’euros.

Anne Autret (visuels : DR Anne Autret ; ©Jean-Jacques Dalia / Ville de Vittel)