C’était pourtant un si beau projet… Le centre R-Révolution de Montpellier a fermé ses portes le 31 août dernier, faute d’avoir su toucher son public et d’avoir atteint son équilibre financier. Inauguré en juin 2014 par le groupe Fontalvie, ce lieu pionnier de 3500 m² était devenu au fil du temps un « complexe de salle de sport/santé » haut de gamme. Une version édulcorée de sa vocation première lorsqu’il a ouvert, il y a quatre ans, à la périphérie de la ville.

A l’époque, l’objectif était d’offrir aux Montpelliérains un espace voué à l’optimisation santé et au bien-être, à la manière de certains Medispa® à l’étranger, en misant sur la santé préventive et une prise en charge globale de la santé. Le but ? Lutter contre l’apparition et le développement des maladies chroniques, dites de civilisation (diabète, cancer, addiction au tabac…) et liées à notre mode de vie actuel (sédentarité excessive, stress, alimentation déséquilibrée…).

Plus de 15 millions d’euros ont été investis par le groupe familial, fondé par le Dr Jacques Desplan et présidé par Yann Desplan, pour édifier le bâtiment ultra moderne et le faire fonctionner. Situé dans le quartier Millénaire Odysseum, il réunissait sous un même toit des compétences complémentaires et transdisciplinaires : kinés, diététiciens-nutritionnistes, psychologues, professeurs de yoga, coachs de sport, esthéticiennes…. On y trouvait un espace balnéo, un hammam, un institut de beauté, un restaurant et une épicerie « santé », un plateau de cardio-training, des espaces dédiés aux cours de yoga et à la méditation, des salles de conférence… Au départ, le dernier niveau du bâtiment abritait aussi une Maison de Santé fondée sur la médecine des 4 P (Prédictif, Préventif, Personnalisé, Participatif). Elle avait une existence propre au sein de l’établissement, était animée par des médecins et était censée délivrer des bilans de mode de vie pointus. Mais le projet a rapidement été abandonné sous l’injonction du conseil de l’ordre départemental…

Trois types de prestations étaient proposés ces derniers mois au centre R Révolution : un accompagnement global et personnalisé, basé sur les cinq piliers de la santé que constituent l’alimentation, l’activité physique, le sommeil, l’équilibre émotionnel et cognitif. Sa véritable raison d’être. Les clients avaient également accès à des « parcours thématiques » ciblés et coachés (minceur, stress, sommeil…), ainsi qu’aux différents cours et prestations via un abonnement ou une carte. Un repositionnement qui n’a pas permis de redresser la barre. Malgré une croissance de fréquentation en 2018, avec un nombre d’adhérents multiplié par trois, l’établissement a baissé le pavillon et cessé son activité la semaine dernière

« Il s’agissait d’un concept pionnier en France, qui n’a pas bien été compris et qui a souffert de son surdimensionnement par rapport à la capacité de Montpellier et de sa région », explique Chantal Monchietti, responsable de la communication & marketing du groupe. Facteur aggravant : étant donné son implantation à la périphérie de la Ville, et faute d’hébergement intégré, le centre R Révolution avait peu de chance de devenir un lieu de destination. Le retard de la France en matière de prise en charge des soins de santé préventive, et la règlementation restrictive qui régit la santé dans l’Hexagone ont fait le reste… « C’est une décision certes brutale et douloureuse, car nous mettons fin ici à un projet de près de dix ans auquel nous avons cru et dans lequel nous avons investi tant d’énergie et de moyens, mais le marché est encore trop focalisé sur l’aspect curatif des soins », déclare Yann Desplan dans un communiqué. La fermeture de l’établissement signe l’arrêt du développement de R Révolution Santé en France. En revanche, le concept est toujours d’actualité à l’étranger, notamment à Marrakech où une structure a vu le jour en 2016 au sein d’une clinique privée. Avec des résultats satisfaisants, semble-t-il.

Initialement, Fontalvie était spécialisé dans la prise en charge des maladies chroniques via les Cliniques du Souffle, cédées en 2015. Depuis, le groupe catalan avait recentré son activité sur le développement du concept R Révolution Santé et sur celui des Halles Solanid : une activité dédiée à la fourniture de repas sains et gourmands aux cantines (établissements de santé, écoles…), mais aussi depuis 2014 au déploiement d’une enseigne de restauration rapide. Ses promesses ? Fraîcheur, santé et saveurs.

Aujourd’hui, le groupe catalan exploite trois restaurants en propre à Lodève et à Montpellier. Deux autres ont ouvert récemment en franchise à Sète et à Montpellier. A Sète, il a trouvé sa place au sein de l’hôtel Port Marine, propriété du groupe Rousill’Hôtel – qui possède aussi la thalasso des Flamants Roses, l’hôtel L’île de la Lagune et Les Bulles de Mer dans la région. « Notre concept est très facile à implanter dans les centres-villes mais aussi dans les entreprises, les centres commerciaux, les hôtels… », indique Chantal Monchietti. Depuis le 4 septembre, les Halles Solanid peuvent également se prévaloir du label bio AB : et ça, c’est une bonne nouvelle !

Anne Autret