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Premier bilan aux Thermes de Balaruc-les-Bains

1 octobre 2015 Pas de commentaire
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photo : Stéphane Masson

C’était « l’événement » du secteur thermal en 2015 : 60 millions d’euros investis dans la construction d’un nouveau centre thermal de 16 800 m². Amarré au bord de l’étang de Thau, ce navire ultra moderne remplace les Thermes Athéna et les Hespérides qui ont définitivement fermé leurs portes. Avec 52 000 curistes cette année, les nouveaux Thermes de Balaruc (350 cabines de soin, 5 bassins, un espace santé) s’imposent comme la première station thermale en France. Spécialisés en rhumatologie et phlébologie, ils mettent désormais le cap sur la récupération sportive, la prévention et le bien-être. Le point avec Jacques Burille, son directeur.

Jacques BurilleL’Actu Spa & bien-être : quel bilan tirez-vous de l’inauguration du centre, huit mois après son ouverture ?
Jacques Burille : nous commençons à avoir un peu de recul et malgré une période d’essai à blanc très courte, nous pouvons dire que le challenge est réussi ! Cette année, nous avons accueilli 14% de curistes en plus par rapport à 2014, et nous sommes déjà complets pour la reprise de l’activité en 2016. A titre comparatif, le Cneth table sur une croissance de 3% à l’échelle nationale en 2015. Cela étant dit, cette dynamique de croissance existe depuis plusieurs années : entre 2014 et 2009, nous avons enregistré une augmentation de 20% du nombre de curistes à Balaruc. Le centre dégage un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros dont 27 millions générés par les cures. Il était de 26 millions d’euros lorsque je suis arrivé à la tête du centre en 2009.

L’Actu Spa : combien de curistes avez-vous accueilli ?
Jacques Burille : nous avons reçu plus de 52 000 curistes à Balaruc cette année, contre 48 000 en 2014. L’effet nouveauté a joué en partie. Il nous a permis de conquérir une clientèle plus jeune, car le confort de notre établissement est désormais en ligne avec leurs attentes. Lorsque vous entrez dans le bâtiment, vous n’avez pas le sentiment d’être dans un établissement thermal et de santé : les architectes ont joué sur la transparence, l’utilisation de la lumière naturelle… Nous accueillons 4200 curistes par jour, c’est énorme ! Du coup, les flux ont été travaillés pour éviter d’en faire une usine : les soins sont délivrés dans huit secteurs répartis sur quatre niveaux, et la circulation se fait autour des ascenseurs, qui constituent la colonne vertébrale du bâtiment.

-® Jacques Guillaume Nouvel Etablissement Thermal de Balaruc les Bains (142)

Photo : Jacques Guillaume

L’Actu Spa : les vestiaires sont innovants aussi !
Jacques Burille
: nous n’avions pas la place pour un vestiaire traditionnel, il fallait donc aménager une zone de stockage, de style pressing, ou trouver une autre solution. C’est ce que nous avons fait en créant un système entièrement automatisé, inspiré d’une chaîne de logistique industrielle et que nous avons adapté à un usage public. Le principe d’utilisation est simple : les curistes se déshabillent dans des cabines individuelles, puis déposent leurs vêtements dans un bac grâce à leur badge d’accès. Le bac est enregistré à leur nom puis il est acheminé vers une zone de stockage. Les curistes le récupèrent à la fin des soins, toujours à l’aide de leur badge. Pour que le système fonctionne, il a fallu développer un logiciel de programmation intégrant le croisement de flux, avec autant de personnes en entrée qu’en sortie. Pas évident… !

L’Actu Spa : qu’y gagnez-vous ?
Jacques Burille : les avantages sont nombreux : le vestiaire offre une capacité d’accueil de 1000 personnes sur un minimum de surface ! Il n’y a quasiment pas d’attente, ni de problèmes de vols ou de pièces de monnaie coincées qui nécessitent l’intervention des services techniques. Par ailleurs, les personnes habillées et en peignoirs ne se croisent pas, ce qui présente un gros plus en matière d’entretien et d’hygiène. Par contre, nous devons renforcer nos équipes le lundi pour accueillir les curistes et leur expliquer le fonctionnement. A terme, je pense qu’il mobilisera moins de salariés sans doute.

-® STEPHANE MASSON - NOUVEL ETABLISSEMENT THERMAL DE BALARUC - LES - BAINS (13)

Photo : Stéphane Masson

L’Actu Spa : l’autre grande nouveauté, ce sont vos lits de diffusion de boue. Conclusion… ?
Jacques Burille : nous menons une enquête de satisfaction auprès des curistes et les premiers résultats sont positifs. Même si nous n’avons pas beaucoup de recul, les médecins constatent une amélioration des résultats de nos cures. Au départ, la problématique était de diminuer la pénibilité au travail : jusqu’ici, les boues étaient appliquées manuellement par les salariés, ce qui faisait des tonnes de boues manipulées à la fin de la journée. L’objectif était aussi d’ordre sanitaire, nous souhaitions anticiper une évolution probable de la réglementation, et d’ordre thérapeutique.

A partir de ce cahier des charges, la Codef a conçu un lit de diffusion protégé par un brevet européen (*). Il s’agit d’un soin tout à fait nouveau, sans cataplasme ni enveloppement : pendant toute sa durée, de la boue thermale est versée sur les articulations, en fonction de la prescription médicale (voir photo ci-contre). L’efficacité accrue du soin vient du volume d’eau thermale dans le mélange, qui est de 72,8%, et de sa température constante, qui est maintenue autour de 42°. Le lit a reçu le prix de l’innovation de l’Espa (European Spas Association) dans la catégorie thermale.

L’Actu Spa : quels sont vos principaux objectifs en 2016 ?
Jacques Burille : nous allons ouvrir trois semaines plus tôt cette année, le 8 février, afin notamment de développer les cures libres de trois à six jours en rhumatologie et phlébologie. En 2016 et 2017, nous allons également déployer notre projet de diversification autour du sport et de la récupération, tout en poursuivant notre démarche sur la promotion de la santé autour de trois axes : la douleur, la lombalgie et le vieillissement actif. Grâce à l’inauguration du nouveau centre, nous avons pu développer des ateliers collectifs de sensibilisation à la prévention, gratuits et ouverts à tous. Nous sommes en train de créer un partenariat avec le CHU de Montpellier dans le domaine de la gérontologie et de l‘équilibre. Je suis convaincu que le thermalisme a un rôle majeur à jouer dans la prévention santé.

Spa Thermal O'Balia 2L’Actu Spa : quelle place pour le bien-être à Balaruc ?
Jacques Burille : il y aura toujours une orientation santé prégnante dans l’offre proposée au sein de l’établissement thermal. Mais nous souhaitons mettre l’accent sur les cures courtes et la prévention, et nous sommes en train de développer les liens entre thermalisme et spa. Au départ, nous avions envisagé de créer un espace bien-être VIP au dernier étage du centre. Mais nous avons préféré le dédier à la promotion de la santé, et créer des passerelles entre le centre thermal et notre spa thermal O’balia (**). Nous avons repris son exploitation en 2012 par le biais de la Spleth (Société Publique Locale d’Exploitation des Thermes), il y avait une grosse reprise à faire à tous points de vue. Nous travaillons sur la création de «mix» entre le centre thermal et O’balia pour capitaliser sur le savoir-faire des deux sites.

L’Actu Spa : comment fonctionne O’balia ?
Jacques Burille : Depuis que nous assurons son exploitation, la fréquentation augmente de 15% par an. Nous avons notamment réorganisé la carte des soins et créé le secteur hydro, ce qui nous a permis de proposer des mini-cures santé O’balia. Le spa est fréquenté essentiellement par la clientèle locale et régionale car nous n’avons pas d’hébergement. Mais depuis deux ans, nous avons un accord avec Odalys et Belhambra, et un projet hôtelier est dans les cartons, à l’emplacement des anciens thermes juste à côté du spa. Le panier moyen est d’environ 60 € : au départ, la clientèle locale venait surtout pour les bassins et les cours d’aquagym. Pour l’augmenter, nous devons nous ouvrir davantage sur les soins, rendre les cabines plus qualitatives et renforcer la partie spa. Par ailleurs, nous avons un handicap de taille : l’absence de bassins intérieurs. Pour l’instant, nous avons un bassin d’activités et un bassin à jets extérieurs alimentés en eau thermale, mais le dimanche, nous sommes très vite complets. O’balia est amené à être redéveloppé et agrandi à moyen terme autour de ces deux axes. Nous avons recruté un spa manager en janvier dernier pour qu’il nous aide à créer une offre cohérente et à élargir notre clientèle.

Spa Thermal O'Balia 5L’Actu Spa : quel avenir pour votre marque de cosmétique Thermaliv ?
Jacques Burille : elle est en pleine évolution. Nous l’avons lancée fin 2009 et elle vient de se faire labelliser Sud de France, une démarche qualité lancée par la région Languedoc-Roussillon. Pour l’instant, la gamme génère 200 000 € de chiffre d’affaires et se compose de 22 produits à base d’eau thermale de Balaruc. Nous avons fait réaliser une étude ex-vivo génomique par un laboratoire marseillais en 2012, et elle a montré que notre eau thermale a des propriétés régénérantes et anti-âge. Nous sommes en train de structurer notre offre en plusieurs lignes, hydratation, nutrition, hommes, produits solaires, et de modifier les packagings.

Propos recueillis par Anne Autret

(*) La Ville de Balaruc possède le foncier et le bâti de l’établissement thermal. Elle est aussi propriétaire du brevet.
(**) Le spa O’balia se compose de 6 cabines de soins secs (dont 2 doubles), de 11 cabines de soins hydro, de 2 bassins extérieurs, d’un caldarium, d’un sauna, d’une tisanerie/lounge et d’un espace de détente extérieur.

-® Jacques Guillaume Nouvel Etablissement Thermal de Balaruc les Bains (138)

Photo : Jacques Guillaume

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