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Transition écologique et éco-responsabilité, Relais Thalasso ouvre la voie

26 octobre 2022 Pas de commentaire

Les personnes présentes à l’hôtel et la famille Phélippeau se souviendront toujours de cette nuit du 27 au 28 février 2010, où il fallut évacuer les chambres et le site sous les coups de boutoir de la tempête Xynthia. Un tiers de l’île submergé et le rez-de-chaussée de l’établissement (tout juste racheté par le groupe familial) envahi par la mer ! Le dérèglement climatique et les catastrophes naturelles ne sont pas totalement étrangers à la mutation en cours au sein de Relais Thalasso Ile-de-Ré

Réaménagement des extérieurs, rénovation des 97 chambres de l’hôtel, du restaurant l’Atalante, de l’espace hydromarin, du spa, réfection prochaine de la thalasso… Environ 4 millions d’euros ont été dégagés par le groupe emmené par Jean-Pascal Phélippeau, son président, et Anne Phélippeau-Korb, sa vice-présidente (photo ci-dessous), afin de réaliser ce vaste chantier et de mettre en oeuvre sa transition énergétique et écologique. L’Adème, la région Nouvelle Aquitaine (via le fonds de tourisme durable), Rochelle Territoire, Charentes Tourisme, l’office du tourisme de l’île de Ré : tous, à leur niveau, ont apporté leur contribution à cette initiative pionnière dans le secteur de la thalasso en France.

Le projet a également profité de l’élan imprimé par Sylvain Morin, le directeur général du site rétois depuis juin 2020. « J’étais présent sur l’île pendant la tempête Xynthia. Et étant donné la situation de l’établissement, entre les vignes et l’océan, je me suis dit que si on ne le faisait pas ici, on ne le ferait pas ailleurs », dit-il.

Pour mener à bien cette petite révolution, le jeune dirigeant – passionné de surf et pleinement acquis à la cause environnementale – a su sensibiliser l’ensemble des équipes et impulser la mise en place d’une véritable méthodologie. « Avoir des convictions ne suffit pas. Nous avons fait réaliser différents audits, puis nous nous sommes appuyés sur les experts pour qu’ils nous accompagnent et nous forment à la mise en place d’une charte. Nos engagements sont ensuite validés par un label, c’est important pour leur apporter de la légitimité et les partager avec l‘extérieur », explique-t-il.

Quatre axes d’actions ont ainsi été déterminés : l’énergie et le climat (réduction de la consommation d’eau, maîtrise des besoins de chauffage et de climatisation, approvisionnement en circuit court…), la biodiversité, l’écotourisme et la sobriété numérique. Elles sont mises en œuvre au fur et à mesure des travaux de rénovation, programmés jusqu’à la fin 2023. Un challenge pour cet établissement pilote au sein du groupe, qui ambitionne de devenir la première thalasso éco-responsable du littoral français. « Dès le démarrage, j’ai également pris contact avec les associations de protection de l’environnement, comme la LPO, afin de bénéficier de leurs bonnes pratiques. L’idée est de m’appuyer sur leurs connaissances, nous avons tout à gagner à avancer en lien avec elles », précise Sylvain Morin.

L’énergie et le climat

C’est LE gros dossier et les changements sont déjà à l’œuvre ! Des exemples ? Pour favoriser le zéro déchet dans la partie hébergement et restauration, l’hôtel s’est doté de six composteurs, et toutes les chambres sont désormais équipées de distributeurs de savons. Exit, le plastique à usage unique ! « Au restaurant, nous avons mis l’accent sur des partis pris qui existaient déjà, et nous avons formé toutes nos équipes à la restauration durable », indique Sylvain Morin. Ainsi, 85% des fournisseurs sont locaux, et une attention particulière est accordée aux contenus dans les assiettes. « Au petit-déjeuner, nous servons des œufs bio brouillés à la main, du miel produit sur place dans nos ruches et des yaourts faits maison. Nous avons aussi fait le choix de ne pas servir de saumon fumé, car il vient de loin et nous ne sommes pas en accord avec la façon d’alimenter les poissons. De plus, nous avons réduit notre proposition de viandes dans nos menus, ce qui n’est pas une mince décision. Désormais, nous n’en servons plus que trois fois par semaine », illustre-t-il.

Le centre de thalasso n’est pas en reste. D’ici à la fin de l’année, l’installation d’un nouveau système de pompes à chaleur – basé sur un procédé géothermique – permettra d’utiliser les calories présentes dans l’air ambiant pour chauffer ou refroidir les logements et les équipements (piscine…). Grâce à ce procédé, l’établissement entend engranger 35 % d’économies d’énergie. « En 2022, nous rénovons la machinerie de la thalasso et les toitures, et fin 2023, nous procèderons à sa réfection totale, avec la création de Suites Thalasso comme à La Baule et à Bénodet », détaille-t-il.

Autres exemples : afin de promouvoir la mobilité douce des salariés, un programme de covoiturage pour les trajets domicile-travail a été mis en place. Par ailleurs, cinq infrastructures de recharge pour véhicule électrique ont été déployées sur le site. Depuis juin 2022, l’établissement est également détenteur du label Accueil Vélo.

Biodiversité, écotourisme et sobriété digitale

Avec ses 218 espèces inventoriées, l’île de Ré est un site privilégié pour les oiseaux. Situés entre mer et vignes, les 5 hectares de l’établissement ont été aménagés en symbiose avec la faune et la flore environnantes, afin de respecter les écosystèmes. Au programme : pose de ganivelles et de platelages pour recréer de la biodiversité, création de dunes et renforcement des digues naturelles pour lutter contre la hausse du niveau de la mer, mise en place de ruches, plantation d’espèces végétales endémiques… Depuis ce printemps, Relais Thalasso Ile de Ré peut d’ailleurs se prévaloir du label Refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).

Pour découvrir ces milieux protégés, des visites guidées et des balades naturalistes sont proposées à l’ensemble des clients. De la même façon, des séances de cinéma de plein air et des sessions d’observation du ciel sont organisées conjointement avec la commune de Sainte-Marie-de-Ré. En matière de sobriété digitale, l’établissement vise l’obtention de la labellisation Numérique Responsable. Dans cet objectif, un diagnostic de maturité numérique a donné lieu à un plan d’actions, à commencer par la sensibilisation des équipes à la question et l’utilisation de logiciels plus vertueux en interne.

Des labels et des projets

Grâce à cette démarche durable et pro-environnementale, Relais Thalasso Ile de Ré a d’ores et déjà décroché le « sésame » de plusieurs organismes et associations de protection de l’environnement. Ainsi, depuis mai 2022, le Loofa Bar peut se prévaloir de la Charte Ocean Friendly, décernée par l’ONG SurfRider. Une première en thalasso. Au mois de juin, l’établissement a également été lauréat des Trophées Horizons dans la catégorie « alimentation durable », soutenue par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’Adème. Ce prix récompense les différentes initiatives mises en œuvre au restaurant : approvisionnement en produits locaux, saisonniers, frais et bio, gestion des déchets, utilisation de produits d’entretien et de vaisselle écoresponsable, réduction des émissions de gaz à effet de serre et gestion de l’énergie. Enfin, depuis juillet 2022, le restaurant l’Atalante est détenteur du label Green Food. Une première dans le secteur, là aussi. « Nous visons l’obtention de l’Eco-label européen pour l’hôtel à la fin de l’année », précise Sylvain Morin.

Au sein du groupe Phélippeau, Relais Thalasso Ile de Ré est considéré comme l’établissement pilote en matière de développement durable, mais aussi comme un laboratoire de sa stratégie RSE. « En complément, nous avons également mis en place un projet RSE, dont les premiers éléments seront délivrés à la mi-novembre. C’est par ce biais que nous avons formé l’ensemble de nos équipes », explique-t-il. Dans son sillage, les directeurs des trois autres centres Relais Thalasso (Pornichet-Baie de La Baule, Bénodet, Hendaye) sont également invités à engager la transformation de leurs établissements, en tenant compte de leurs spécificités. A La Baule et à Bénodet, des projets de digitalisation et de transformation managériale ont ainsi été lancés.

Même s’il a pris une longueur d’avance, Relais Thalasso n’est pas le seul acteur de la thalasso à réfléchir sur sa transition énergétique et écologique. Mais jusqu’ici, seuls les Thermes Marins de Saint-Malo ont véritablement montré patte verte avec la publication, ce printemps, de leur premier bilan de développement durable RSE consolidé. Une première étape dans la transformation des process au sein du groupe malouin. La thalasso de Carnac a également été précurseur en matière d’éco-développement. Dans les années 2010, l’établissement avait notamment obtenu les labels Green Globe et Being by Ecocert (pour son spa marin), au terme d’un engagement significatif de sa direction et de ses propriétaires de l’époque. Le resort a rejoint le giron de Thalazur en 2017, et il n’est plus aujourd’hui détenteur de ces deux distinctions. Mais il est labellisé Green Morbihan et il s’agit toujours de la seule thalasso en France à proposer des cures bio.

Anne Autret

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