C’est un énorme chantier qui s’annonce : un hôtel 3*** de 124 chambres, un hôtel 4**** de 104 chambres, un restaurant, trois bars. Et un centre de thalasso relié au 3 étoiles, où sera aménagé un espace marin de 350 m². En tout, l’ensemble fera 15 000 m² et nécessite un investissement de 50 millions d’euros !

Previthal prend goût à la thalasso et au bien-être… Créée il y a 30 ans au sein du centre de Médecine physique, Rééducation et Réadaptation en Milieu Marin (Le Normandy) de Granville, puis délocalisée à Donville en 2013 avec la construction d’un site abritant institut de thalasso et hôtel 4**** (1), la marque s’apprête à flotter sur ce navire-amiral à Boulogne-sur-Mer. L’accord a été signé en juin 2017, il y a neuf mois. Les travaux devraient démarrer à la fin de l’année. Et sauf contretemps, l’établissement devrait pouvoir accueillir ses premiers clients au premier semestre 2020. Un sacré challenge pour le groupe Previthal, porté par trois co-actionnaires privés avec le soutien de banques. « Nous souhaitions nous développer en Normandie ou dans le Nord, car la région peut encore accueillir une thalasso et nous avons déjà une nombreuse clientèle belge à Donville. Nous voulons y décliner notre identité et notre expertise, ainsi que la qualité de nos soins : la rééducation et l’approche kiné font partie de notre ADN », indique Franck Lebon, l’un des trois actionnaires avec le Dr Jean-Luc Isambert et Alain Barteau.

En jetant l’ancre à Boulogne, le dirigeant s’inscrit dans un projet beaucoup plus global, orchestré par la Ville et son maire Frédéric Cuvillier, ex-Ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche. Une rencontre et un vrai coup de cœur réciproque, disent les deux hommes. Dans cette ville côtière rasée à 80% pendant la seconde guerre mondiale mais chargée d’histoire (avec sa basilique, sa crypte, son centre-ville, sa ville haute), l’objectif est en effet de développer le tourisme en s’appuyant, notamment, sur la réhabilitation de l’ancienne gare maritime.

La conception de cette zone urbano-portuaire de 8 hectares a été confiée à l’architecte Gil Bakhtiar. Au programme : la création d’une salle de spectacle, d’une serre à papillons, d’un casino. Et donc d’un centre de thalasso et de deux hôtels (Hôtels & Préférence) ultra modernes, qui seront financés et exploités par Previthal avec le soutien d’un fonds d’emprunt – le tour de table n’est pas bouclé. « La thalasso sera aménagée sous la dalle haute, au niveau de la mer, précise Gil Bakhtiar. Il s’agit d’un travail d’urbanisme global avec l’aménagement des espaces extérieurs également ». A proximité : la plage de Boulogne (des navettes en bateau seront mises en place) ou encore le Centre National de la Mer Nausicaà, sur le quai d’en face, qui ambitionne de dépasser un million de visiteurs dès que son extension sera bouclée.

Afin de mener à bien ce vaste chantier, les dirigeants de Previthal entendent capitaliser sur leur savoir-faire acquis à la thalasso de Donville et au Normandy. Parallèlement au groupe Previthal qu’il préside, Franck Lebon dirige en effet le centre de rééducation de Granville, où il a succédé à Alain Barteau après son départ à la retraite, et le Dr Jean-Luc Isambert y exerce comme médecin-chef. « Nous avons créé à Donville notre cure Ecole du Dos de six jours, qui est un condensé des soins de kiné et du savoir-faire du Normandy », explique-t-il. Et a priori, ça fonctionne.

Cinq ans tout ronds après son inauguration à l’emplacement d’un ancien bowling, la thalasso de la «Monaco du Nord» enregistre un chiffre d’affaires de 4,2 millions d’euros (1,5 million pour les soins, 2,7 millions pour l’hôtel) contre 800 000 euros avant son déménagement. Mais il est vrai qu’à l’époque, le site n’offrait pas d’hébergement. « L’ancienne clientèle n’est pas revenue tout de suite. Mais nous avons progressivement attiré des clients de la région parisienne, de Haute Normandie, du Nord de la France et de Belgique », détaille Marie-Claire Taillis, à la tête de l’établissement depuis son ouverture. « Le taux d’occupation de l’hôtel dépasse 65%, pour un prix moyen de 92 € à 95 € la nuitée », chiffre de son côté Franck Lebon. En l’espace de cinq ans, le nombre de « curistes » est passé de 2500 à 5100 par an, pour une durée moyenne de trois jours. Parmi ses best-sellers ? La cure Bien-Etre, ou la traditionnelle cure de remise en forme sans soins collectifs. Mais aussi la fameuse cure Ecole du Dos, encadrée notamment par le kiné Thierry Fischer.

Aujourd’hui, la « thalasso 4**** la moins chère en France », dixit sa direction commerciale, a décidé de renforcer son offre sportive. Après l’introduction de la marche nordique ou du longe-côte, la cure Coaching Fit & Run constitue l’une des nouveautés 2018. « C’est une cure qui s’adresse aux sportifs de tous niveaux et qui comporte un volet préparation et réparation », précise Marie-Claire Taillis. Des séjours spécifiques jeunes mamans enrichissent aussi désormais le programme de soins en partenariat avec la marque bio Skinhaptics de Sandrine Dahan.

Située quasiment les pieds dans l’eau, en face de l’île de Chausey, la thalasso Previthal de Donville est aménagée sur 850 m² au sein d’un site de 4500 m². Elle se compose de 24 cabines de soins, auxquelles s’ajoutent les six cabines (dont une duo) du spa fréquenté à 70% par la clientèle locale et non hébergée (marque partenaire : Thalgo). « Etant donné le succès de notre spa, nous pourrions en ouvrir six de plus », note la responsable. L’espace marin, au format relativement modeste (photo ci-dessous), comprend une rivière de marche en eau froide. Un héritage, là aussi, du centre de rééducation…

Anne Autret (photos : Previthal)

(1) A l’ouverture, l’hôtel de 76 chambres affichait 3 étoiles à l’enseigne Best Western. Fin 2015, il est passé Hôtels & Préférence et a gagné une quatrième étoile.