Accueil » Le Magazine • C'est tendance

Les cosmétiques bio ont le pied marin

29 mars 2011 Pas de commentaire

Les cosmétiques aux actifs marins, on connaît depuis longtemps. Les cosmétiques aux actifs marins affichant un positionnement bio, c’est plus nouveau. Née dans le sillage de la vague verte qui déferle sur la beauté depuis trois ans, la tendance est récente et infiltre les circuits professionnels, spas, instituts… et thalassos. Généralement, les formules associent extraits de plantes bio et ingrédients marins (eau de mer, extraits d’algues riches en minéraux et oligo-éléments) non certifiés.

Et pour cause : l’eau n’étant pas certifiable, et l’utilisation d’extraits animaux interdite dans la cosmétique «verte», seules les algues – sauvages et de culture – sont susceptibles de l’être selon un cahier des charges bio adopté récemment par la commission européenne  (règlement du 5 août 2009). Or, lenteurs de l’administration aidant, «nous courrons toujours après la certification», soupire Noël Guelennoc, responsable des ventes d’Agrimer, société bretonne spécialisée dans la récolte et la transformation des ressources marines… !

Ces lignes ont pour elles leur double revendication, qui leur permet de naviguer sur les territoires de la naturalité et de l’éco-consommation. Entre mer et terre. Au-delà du simple effet marketing, l’univers marin reste un réservoir extraordinaire pour les laboratoires de recherche : «nous avons une filière sur l’île de Molène pour la récolte des algues. Sur 800 macro-algues, nous n’en n’exploitons que 25 !», souligne Fabienne Bresdin, fondatrice d’Océalys (conception et production à façon de cosmétique marine).

Thalgo en première ligne

Honneur aux pionniers : Thalgo est la première marque marine présente dans le circuit professionnel à avoir fait le pari du bio dans l’Hexagone. Depuis 2009, le groupe dirigé par Jean-Claude Sirop commercialise la gamme à la revente Terre & Mer by Thalgo. Comme son nom l’indique, cette ligne éco-conçue associe actifs marins et extraits végétaux bio pour la plupart (olive, lavande, amande douce…).

Dix produits visage (démaquillant, crèmes hydratantes et anti-âge, contour des yeux, sérums…) vendus de 18 euros environ à 38 euros (prix publics) entrent dans la composition de Terre & Mer, synthèse des racines méditerranéennes du groupe et de son expertise marine. Aujourd’hui, la ligne est présente dans quelque 365 instituts, spas et thalassos en France, en intégralité ou avec une sélection de références. Un soin visage cabine a été élaboré, ainsi qu’un rituel spa visage et corps depuis peu.

Pour l’instant, ni Algotherm, ni Phytomer n’ont sauté le pas. La situation est plus complexe chez Daniel Jouvance (groupe Yves Rocher). Depuis toujours, la naturalité et la défense de l’environnement font partie de l’ADN de la marque : les produits intègrent un maximum d’ingrédients naturels, les emballages sont en carton recyclé, les encres d’impression sont végétales, certaines lignes (comme Aquamondi) renferment des ingrédients issus du commerce équitable et de l’agriculture bio. Mais aucun produit n’arbore – volontairement – de label pour le moment.

Iroisie, Paris Exclusive TO, les petits nouveaux

Du coup, le champ est libre pour de nouveaux acteurs. Ils sont tout petits, n’ont pas les moyens de leurs concurrents, mais ils peuvent constituer une alternative ou une offre complémentaire. C’est le cas, notamment, d’Iroisie, une marque lancée fin 2010 en France après des débuts en Asie en 2009. Sa créatrice s’appelle Anne Bontour. La jeune femme s’est appuyée sur la connaissance du milieu marin de son partenaire, Jean-François Cabos, pour élaborer une ligne visage dont le nom tire son origine de la mer d’Iroise, au large du Finistère. Les actifs marins proviennent de ce site naturel classé au patrimoine mondial de l’Unesco et sont associés à des extraits botaniques bio. Dix produits composent la gamme aux packagings tout blancs, vendue de 22 à 55 euros environ (prix publics). S’y ajoute une quinzaine de protocoles de soin, car Iroisie vise les boutiques naturelles et bio, ainsi que des points de vente avec cabines (elle est chez Nopeg, à Paris). La marque est également présente – pour l’image – au spa du grand magasin de luxe Isetan, à Tokyo, et au Ritz, à Paris.

Après la Russie, les Etats-Unis et l’Italie, Paris Exclusive TO (pour Trilogie Ocean) tente également une percée sur le marché français avec une image radicalement différente. La ligne est large (24 produits, de 14 euros environ le gel douche à 60 euros le soin anti-âge) et se structure en trois gammes aux couleurs pétantes : rouge pour les soins femme, noir pour les soins homme, gros bleu pour le corps. Ses formules renferment  82% d’ingrédients issus de l’agriculture bio, des extraits de plantes et de fruits associés à des algues récoltées en mer d’Iroise et à des huiles essentielles. Les senteurs sont typées et évoluent sur la peau. Les textures sont agréables et les formules conviennent aux peaux sensibles : trois valeurs-clé pour Tatiana Söll, sa créatrice russe. Une personnalité surprenante, titulaire d’un doctorat en philosophie, peintre, ex-chef d’entreprise en Allemagne et passionnée d’écologie. L’ensemble détonne sur ce segment, y compris le nom de la marque, vendeuse à l’étranger, explique la jeune femme qui a mis au point de nombreux rituels.

Des cosmétiques nés dans la thalasso

La création de BioCarnac s’inscrit aussi dans cette tendance. Mais la démarche est différente, puisque cette ligne de 28 références (visage, corps, bain, capillaire) est la première gamme bio éco-conçue lancée par un centre de thalasso. Carnac Thalasso & Spa resort, en l’occurrence. Une première en Europe, semble-t-il. Mise sur le marché début 2010, elle a été imaginée par Martial Denêtre, directeur général du site, en partenariat avec la société Ocealys (comme Iroisie et Paris Exclusive TO, d’ailleurs). BioCarnac renferme de l’eau de mer isotonique de Carnac concentrée à 26%, des extraits d’algues en provenance de la réserve de biosphère de la Mer d’Iroise, et des ingrédients naturels et végétaux (propolis, blé, edelweiss, huile d’onagre, etc…) dont 81% sont issus de l’agriculture bio. Pour l’instant, la gamme est vendue sur place et sur le site internet du centre. Mais Martial Denêtre n’exclut pas de la commercialiser dans d’autres points de vente, histoire de rentabiliser les investissements.

Des cures thalasso bio

La tendance ne concerne pas uniquement les produits cosmétiques destinés à la revente. Dans certains centres de thalasso, des cures estampillées bio sont désormais proposées, grâce à la création de lignes professionnelles certifiées. C’est le cas de Carnac, où cinq cures (maman bébé bio, authentique bio, beauté bio, escale ayurvédique bio, thalasso découverte bio) incluent, selon les programmes, des soins visage réalisés avec les produits BioCarnac, des enveloppements et des bains hydromassants bio aux algues, un enveloppement fondant au magnésium bio, etc.

C’est le cas aussi des centres Thalazur avec la nouvelle cure Thalasso Bio. «Pour l’instant, il y a beaucoup plus de curieux que d’adeptes, mais c’est important pour Thalazur d’avoir cette démarche, elle s’inscrit dans notre réflexion sur le développement durable. Selon les sites, 20 à 25% de nos clients veulent aller vers le bio», explique Jean-Luc Pleuvry, directeur des opérations. Le groupe Thalazur travaille avec la gamme Thalasso Organics, développée en 2010 par la société Agrimer. Masques, enveloppements, produits pour le visage et le corps… : l’offre est large et s’étoffera en avril 2011 de trois produits visage anti-âge. «Nous fournissons déjà plusieurs centres de thalasso avec nos produits bio, la demande est là, et avec un an de recul, il y a visiblement une frange de la clientèle qui est attirée par le bio. C’est assez flagrant auprès de personnes qui vivent une période charnière, comme les femmes enceintes et les jeunes mamans», analyse Noël Guelennoc.

Une option que suit de près la profession, avec parfois des réserves liées au principe même de la certification des algues sauvages (comment certifier leur récolte quand on ne maîtrise pas la nature et les risques de pollution ?) ou à la communication. «C’est un sujet de réflexion, bien sûr. Mais la mise au point de cures bio ne risque-t-elle pas de créer de la suspicion vis-à-vis des autres soins ? Et du coup, comment doit-on parler des autres soins ? A Bénodet, nos enveloppements d’algues et nos boues naturelles sont contrôlés et de très bonne qualité», souligne Philippe Gomez, directeur général de Relais Thalasso Bénodet (groupe Phélippeau). Dieu merci : il y a encore des choses à inventer dans le petit monde marketé de la beauté et du bien-être… !

Anne Autret

Laissez un commentaire !

Add your comment below, or trackback from your own site. You can also subscribe to these comments via RSS.

Be nice. Keep it clean. Stay on topic. No spam.