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Un spa thermal pour les thermes de Digne-les-Bains

21 mars 2022 Pas de commentaire

L’établissement est adossé à flanc de montagne, dans le prolongement des thermes. Une surface totale de 1400 m² (hors parties techniques) répartis sur deux niveaux, une salle d’activité physique de 155 m², un espace dédié aux soins de 410 m² (8 cabines), un bel espace thermoludique d’une capacité d’accueil de 110 personnes en simultané… Le 12 mars, les thermes de Digne-Les-Bains ont inauguré le Spa thermal de Haute Provence, à trois kilomètres du centre-ville. Une première pour cette destination thermale, spécialisée en rhumatologie, ORL et voies respiratoires, dont la fréquentation curistes atteignait 6000 curistes par an avant la crise sanitaire.

Plus de six millions d’euros ont été investis dans ce vaste espace bien-être flambant neuf. Le projet est porté financièrement par Provence Alpes Agglomération (52%), qui fédère 47 communes totalisant 47 000 habitants, dont 17 000 à Digne, la préfecture des Alpes de Haute Provence. Soit 2,9 millions d’emprunts et le reste en autofinancement. Le solde provient de subventions accordées par l’Etat (1,3 millions d’euros), la Région (785 000 euros) et le Département (410 000 euros). L’enjeu ? Diversifier la source d’activité des thermes et élargir les ailes de saison en recrutant une nouvelle clientèle en quête de bien-être et de soins spa. Une stratégie classique dans l’écosystème thermal.

Au-delà, il s’agit aussi de dynamiser l’activité de ce territoire préservé, étroitement lié au tourisme de plein air. Pourvus d’atouts incontestables – avec le Géoparc Unesco de Haute Provence, les Refuges d’Art de l’artiste Andy Goldsworthy, 2300 km de chemins de VTT, moultes activités outdoor, un golf… -, Digne et le Val de Durance restent peu connus du grand public. De plus, cette destination prisée des randonneurs est enclavée entre le parc du Verdon et le lac de Blanche Serre Ponçon, deux voisins au fort pouvoir d’attraction. « Il s’agit d’un équipement structurant pour le territoire, explique Patricia Granet, présidente de l’Agglomération et maire de Digne-Les-Bains. La construction du spa thermal de Haute Provence va créer une dynamique supplémentaire à l’activité thermale de Digne. Elle s’inscrit pleinement dans notre stratégie de pleine santé, dans le cadre du développement économique et touristique de Digne et des environs ».

L’exploitation du nouveau spa thermal est assurée par la Régie des Thermes (à autonomie financière et représentation morale), une émanation de Provence Alpes Agglomération qui opère déjà l’établissement thermal. « Jusqu’ici, l’espace bien-être se trouvait dans l’enceinte des thermes et il était beaucoup plus petit. L’activité bien-être représentait 10% environ de notre activité. Elle attirait principalement la clientèle locale, les curistes, les accompagnants et les touristes l’été », rappelle Véronique Lemer, la directrice des thermes et du spa.

Désormais, Digne et l’Agglomération peuvent voir plus grand et plus loin avec ce spa résolument moderne, conçu par le cabinet d’architecture DHA. Peu ou pas de concurrence directe à l’horizon, si ce n’est les thermes de Gréoux-Les-Bains (Chaîne Thermale du Soleil), les thermes de Berthemont (Valvital) et les Grands Bains du Monêtier ! Construit dans le prolongement des thermes entre deux montagnes, le spa thermal de Haute Provence respire une ambiance minérale et bois en lien avec son environnement. Au rez-de-chaussée, il s’ouvre sur un accueil, une salle de réunion aveugle et une vaste salle d’activité physique ouverte sur l’extérieur. Au programme : gymnastique adaptée, fitness et ateliers de santé (atelier dos, relaxation façon Pilates, équilibre et prévention des chutes…). « Parallèlement aux cours collectifs de gym et de fitness, nous souhaitons développer une approche personnalisée et ciblée avec le support d’un coach, pour nous différencier des salles de sport des environs », précise Véronique Lemer.

L’espace réservé aux soins se trouve à l’étage : 8 vastes cabines aveugles à l’ambiance un peu froide, dont une duo, une équipée d’une douche sous affusion et une autre équipée de deux baignoires. Marques partenaires : Origine (déjà présente dans l’ancien espace bien-être) et Sothys, qui a rejoint la carte du spa à l’occasion de son ouverture. Une salle de repos et la boutique ont également été installées à ce niveau, joliment rehaussé d’éléments de décoration en bois et de tapisseries tendance aux motifs géants. C’est agréable et élégant. Mais pourquoi priver la boutique du trafic clients généré par la salle de fitness et les personnes qui se rendent directement aux bassins thermoludiques… ?

En plus de soins esthétiques visage et corps et d’une carte de massages (silhouette, future maman, tibétain en hommage à Alexandra David Neel, qui a vécu à Digne…), des escapades (de 50 mn à 2H15) et des instants duo (de 50 mn à 2H) ont été concoctés. Les prix sont très (trop ?) doux. Un seul exemple : l’Instant Cocooning comprend 2 gommages, 2 enveloppements et 2 massages personnalisés (60 mn). Son prix : 220 € pour 2 personnes. Un séjour de 2 jours et un séjour de 5 jours sont également proposés à la carte. Au menu de ce dernier : 3 bains bouillonnants (20 mn), 1 gommage (30 mn), 1 enveloppement (30 mn), 4 massages personnalisés (2 de 30 mn et 2 de 1H), 1 soin du visage (30 mn) et 5 entrées à l’espace aqualudique (1H) pour 435 € par personne.

C’est à ce niveau, également, qu’a été aménagé l’espace aqualudique alimenté – comme son nom ne l’indique pas – en eau thermale de Digne. Grands bassins intérieur et extérieur (avec geysers, jets sous-marins, bains à bulles, lits massants, nage à contre-courant, jacuzzi…), vaste et beau hammam, sauna, frigidarium, caldarium, tepidarium, solarium extérieur… Aménagé sous une vaste coupole à la structure en bois, l’espace est baigné de lumière naturelle et peut accueillir jusqu’à 110 personnes en simultané. Les enfants (à partir de 7 ans) y ont accès le mercredi et le dimanche seulement, et le ticket d’entrée est des plus accessibles : 16 € la demi-journée à partir de 14 ans, 40 € le forfait famille 2 adultes et 2 enfants (de 7 ans à 14 ans révolus). Des séances d’aquasport y sont dispensées, mais à certaines heures seulement (le midi, en soirée), pour éviter toutes nuisances sonores et ménager la tranquillité de la clientèle.

Grâce à la construction de cet espace supervisé par Matthieu Rouvillain, le spa manager, la Régie des Thermes espère drainer 40 000 à 50 000 visiteurs par an, chiffre avancé pour rentabiliser son exploitation. Mais pour élargir la cible et toucher une autre clientèle que les familles, les seniors (70% cumulés) et la clientèle intra-régionale (60%) qui fréquentent le territoire, dirigeants et élus savent que des efforts doivent aussi être faits en matière d’hébergement.

Aujourd’hui, la ville de Digne enregistre quelque 300 000 nuitées par an (1,5 million dans l’Agglomération), tous types d’hébergement compris (hôtels, campings, gîtes, locations…). A lui seul, le thermalisme génère 200 000 nuitées chaque année. L’établissement thermal est relié directement au Richelme, un 2 étoiles de 78 chambres (152 personnes). Un peu plus loin, le Tonic Hôtel** (60 chambres) a fermé ses portes du fait de la crise sanitaire et cherche de nouveaux exploitants. Le seul hôtel 3 étoiles de charme à Digne – Villa Gaïa – se compose de 10 chambres seulement… « Nous devons augmenter le nombre d’hôtels et proposer une hôtellerie de qualité pour la clientèle du spa. Nous travaillons dans ce sens et nous recherchons des investisseurs privés », indique Patricia Gradet. A bon entendeur…!

Anne Autret (visuels : Spa Thermal de Haute Provence ; Anne Autret)

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