Sa rénovation a nécessité quatre années de travaux et elle a été menée sous la houlette de l’architecte Richard Martinet (Agence Affine Design). Considéré comme l’un des fleurons de l’hôtellerie parisienne, le Crillon (Rosewood Hotels & Resorts®), a réouvert ses portes au mois de juillet dernier. Architectes, designers et artisans ont œuvré à la renaissance de cet établissement « culte » qui compte désormais 124 chambres et suites (deux ont été décorées par l’incontournable Karl Lagerfeld), quatre espaces de restauration (l’Ecrin est supervisé par le chef Christopher Hache), trois salons historiques. Et un très joli spa de 750 m² au style Art Déco : une création ex nihilo. Sa direction a été confiée à Sophie Demaret, qui a supervisé précédemment le spa du Royal Palm Marrakech ou encore le spa du Prince Maurice, à l’Ile Maurice. «Deux designers ont travaillé sur la décoration du spa : Tristan Auer au rez-de-chaussée et Chahan Minassian au niveau -1», explique la responsable.

La visite démarre au rez-de-chaussée du Crillon par un espace homme, avec son salon cireur par Devoirdecourt et un espace barbier porté par la Barbière de Paris (rasage au rasoir droit, rasage vapeur, extensions, épilation, coloration). C’est chic, cosy, masculin, branché aussi, et ouvert à la clientèle extérieure. Suit un salon de coiffure David Lucas, équipé de deux postes et d’une cabine privative tapissée de plumes. Des soins de manucurie y sont délivrés avec la marque naturelle Kure Bazaar.

Puis arrive le spa à proprement parlé avec son bel accueil blanc et or – qui fait aussi office de boutique – et ses deux vastes cabines (dont une double). Les sols sont en marbre clair, les murs immaculés. L’ensemble est baigné de lumière naturelle et profite pleinement de son ouverture sur le jardin intérieur. L’espace boutique offre un écrin aux marques de cosmétiques partenaires (Evidens de Beauté, Maison Caulières – voir plus loin). Elle référence également la marque naturelle Kos Paris, lancée en 2010 par Sophie Allouche et désormais présente dans une quarantaine de spas haut de gamme en France et à l’étranger. Les clients du spa peuvent aussi y trouver la marque de maquillage naturel La Bella Donna, les savons au lait d’ânesse l’Art du Bain, les parfums Théo Cabanel, etc… Une jolie vitrine du savoir-faire à la française.

Changement de décor au sous-sol, où un bassin recouvert de mosaïque argentée a été creusé lors de la restauration de l’établissement. Baignant dans une ambiance blanche, vert pastel et or, l’espace arbore une œuvre murale du céramiste Peter Lane. Son plafond en verre laisse filtrer la lumière du jour et permet aux lieux de respirer. Sur le même niveau ont été aménagés un studio de fitness hi tech, une salle de soin accessible aux personnes handicapées, une cabine dédiée aux soins balnéo et une pièce de transit à la décoration plus chargée. «Le fitness et la piscine sont réservés aux clients de l’hôtel», précise Sophie Demaret. Pas de sauna, ni de hammam. Pour l’instant, le spa n’abrite pas non plus de salle de repos. Dommage pour la clientèle extérieure.

Côté prestations, la responsable a concocté une carte qui combine soins du visage haut de gamme et soins du corps inspirés notamment de recettes de beauté et de procédés traditionnels (soin drainant aux ventouses, rituel anti-migraine…). Ils sont réalisés avec des marques de niche, emblématiques du luxe à la Française. Les soins du visage sont signés EviDenS de Beauté, la griffe anti-âge créée par Charles-Edouard Barthes, qui mixe «made in France» et «made in Japan». Logique : fin 2016, un partenariat exclusif a été signé avec le groupe Rosewood. Les soins du corps sont réalisés avec Maison Caulières, une marque ancrée en Touraine et spécialisée dans les cosmétiques à base d’huiles végétales naturelles (colza, tournesol, lin), de miel, d’extrait de pétales de rose… Les ingrédients proviennent de la propriété familiale et sont issus de la culture raisonnée. Pour les massages et certains soins, les spa praticiens (cinq au total) utilisent des baumes élaborés sur mesure par Kos Paris. A noter que des technologies de pointe anti-âge et minceur (Jet-Peel, Twin Slim) figurent aussi à la carte.

Chaque soin s’accompagne d’un rituel de bienvenue : oshibori tiède sur les mains et les pieds, diffusion d’un parfum à l’aide d’un éventail Duvelleroy en jacquard de soie et bois de poirier. En fin de séance, du talc parfumé est vaporisé sur la peau avec un flacon à poire vintage Marcel Franck. Un maître shiatsu, un naturopathe et un ostéopathe sont également disponibles sur demande au spa ou dans les chambres.

La réouverture du Crillon intervient un an tout juste après celle du Ritz – qui abrite le premier spa Chanel au monde. Deux institutions à Paris et deux nouveaux spas de luxe dans la Capitale qui viennent rivaliser avec ceux du Peninsula, du Mandarin Oriental, du Plazza Athénée, du Fouquet’s Barrière… Le Crillon est exploité par le groupe hongkongais Rosewood Hotels & Resorts® qui détient en portefeuille 19 propriétés de luxe dans 11 pays (dont The Carlyle à New York et Rosewood Mansion on Turtle Creek à Dallas). Celui-ci prévoit de doubler son nombre d’hôtels en exploitation d’ici 2020.

Anne Autret (crédit photos : DR © Hôtel le Crillon)